Togo/Justice : un mécanicien aura passé 60 mois en prison à tort pour des faits d’attouchement sexuel sur une mineure de 07 ans  

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Poursuivi pour des faits de viol sur mineure, un homme a été innocenté par la justice togolaise après près de cinq ans de  détention préventive

 La cour d’appel de Lomé aura osé. Elle a suivi la ligne de défense impulsée par le conseil d’un présumé pédophile. Unanimement les jurés ont déclaré non coupable Folly Adjeoda, mécanicien de son état. Celui-ci est accusé des faits  d’attouchement sexuel sur Sessou Bertice Ariane âgée de 07 ans. C’est une décision de la cour d’appel de Lomé au cours des assises de 2022

Le calvaire du nommé Folly Adjeoda commence un jour du mois d’octobre 2017 à Bè Kpéhénou, un des vieux quartiers de la capitale togolaise, Lomé. D’origine béninoise, ce mécanicien spécialisé dans la fabrication de « silent bloc (cylindre bloc) » et âgé de  35 ans fut arrêté et déféré à la prison civile de Lomé suite à une plainte introduite par les parents de la petite Bertice Ariane. L’oncle de la présumée victime affirme devant les officiers judiciaires que cette dernière indexe le mécanicien d’avoir couché avec elle en la trompant avec des friandises. Elle a expliqué que le sieur Adjeoda « lui achète des produits de Fan Milk  et des bonbons » et après il la conduit dans son atelier, où il la déshabille et se couche sur elle. Et que cette scène se serait répétée à plusieurs fois.»

Pour soutenir leur action en justice, les accusateurs allèguent que la femme de l’oncle et la grand-mère auraient constaté des lésions qui couvrent les parties génitales de la présumée victime. Cette vérification aurait faite suite au fait que la petite Ariane éprouvait des difficultés à marcher.

 . Les 15 ans requis par l’Avocat Général contre le mécanicien sont balayés de revers de main par le jury pour manque de preuves suffisantes.  Les jurés ont plutôt eu une oreille attentive à  la plaidoirie développée par Me Amekoudji Kafui. « Oui c’est de la bouche des enfants que jaillit la vérité.  Mais ces enfants peuvent toutefois aussi souffrir de la mythomanie, une maladie qui provoque chez les personnes, qui en souffrent, le mensonge à tout bout de champs », rappelle ce brillant avocat qui aura suscité au terme de ce procès l’admiration du public. Pour clore sa stratégie de défense, il invoque ce principe fondamental connu des juristes et des prétoires : ‘le doute profite à l’accusé’. « Sans preuve suffisante pour soutenir la plainte, madame et messieurs les jurés, vous n’avez qu’une option : acquitter mon client Folly Adjeoda », clama Me Kafui Koffi à la fin de sa prise de parole.

Chose faite, la cour prononce un arrêt d’acquittement. L’accusé blanchi retrouve ses quatre enfants après avoir passé injustement cinq ans derrière les barreaux. Les dépens mis à la charge du trésor public.

L’arrêt de la cour d’appel de Lomé de ce 21 octobre 2022 sonne comme une amorce d’un revirement jurisprudentiel. Couramment parole contre parole les mis en cause dans les dossiers de viol et de pédophilie étaient régulièrement condamné sous la pression des acteurs des organisations de droits de l’Hommes et de défenses des droits de la femme ainsi que des organisations internationales. A la faveur de l’audience sur l’affaire Folly Adjeoda, l’avocat de défense a explicitement demandé aux juré de briser le tabou et d’exiger suffisamment de preuves et d’éviter la posture de Ponce Pilate qui a accepté condamner ‘Jésus’ parce qu’ayant cédé aux pressions.