Maty S., 19 ans, élève en classe de seconde, a porté plainte contre quatre membres de sa famille. Son oncle, Abdoulaye N., et trois de ses tantes, qui l’auraient forcée à interrompre une grossesse de six semaines. Le premier est un gendarme, celui qui l’a mise enceinte.
L’affaire s’est déroulée à Sam Sam 2, à Diamaguène-Sicap Mbao, au Sénégal. Elle a pris un coup d’accélérateur en mai dernier lorsque la victime s’est présentée au commissariat de la localité pour déposer sa plainte, affirmant que ses tantes l’auraient forcée à avorter en avalant une bouillie contenant un médicament abortif.
«Un médecin du service gynécologique de l’hôpital de Pikine, qui l’a examinée en urgence, a confirmé les signes d’un avortement incomplet et a procédé à une aspiration pour éviter toute complication grave», rapporte L’Observateur dans son récit de l’histoire.
L’enquête de la police a débouché sur un procès devant le tribunal correctionnel de Pikine/Guédiawaye, ce mercredi 4 juin. L’une des tantes a déclaré qu’elle ignorait que l’avortement est interdit. Les deux autres ont admis avoir agi en connaissance de cause, mais par peur d’un scandale dans la famille.
Selon le compte-rendu d’audience de L’Observateur, le gendarme pour sa part a cédé à la panique, craignant pour sa réputation et sa carrière professionnelle. D’autant plus que la fille, d’après sa version, l’aurait menacé par un cinglant «Tu assumes la grossesse ou je détruis ta vie».
Le procureur a requis trois mois ferme contre les mis en cause, «estimant que la gravité des faits ne pouvait être relativisée par les excuses avancées», relate le quotidien du Groupe futurs médias. La défense a plaidé des circonstances atténuantes, «pour une famille confrontée à un drame, une jeune fille perdue, un homme en uniforme piégé entre la menace du suicide et celle du scandale qui peut mettre fin à sa carrière professionnelle, des femmes paniquées et une société où l’IVG reste un sujet tabou, sans encadrement légal ni soutien institutionnel».
Le tribunal a condamné les mis en cause à deux mois de prison avec sursis.