A l’initiative du laboratoire LAMPES ( Laboratoire d’Analyse des Mutations Politico-juridiques Economiques et Sociales) de l’Université de Lomé, une kyrielle d’universitaires, d’acteurs politiques et de la société civile, de leaders d’opinion et d’étudiants ont participé, ce vendredi 02 février 2024, au campus de Lomé à une conférence publique autour d’un thème d’actualité intitulé : ‘les nouveaux enjeux du panafricanisme à la lumière de la pensée de Kwamé Nkrumah : les défis pour l’unité et le progrès du continent’.
Ce fut le mot de bienvenue et de contextualisation du thème du Doyen de la FSHS (Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société), le Prof. Edinam Kola qui a balisé la communication quasi magistrale du philosophe et ancien ministre, Prof. Octave Nicoué Kuété Broohm sur le thème.
Axée autour de trois points majeurs, la communication de l’ancien ministre a abordé tour à tour les repères historiques, politiques et idéologiques, la vision panafricaine du leader ghanéen Dr Kwamé Nkrumah avant d’explorer les enjeux du moment.
Avant de lever le voile sur les pensées et la philosophie prônées par le leader africain panafricaniste qu’est Dr K. Nkrumah, l’orateur a rappelé une date historique à laquelle furent jetées les véritables bases du panafricanisme : le 24 avril 1958. A cette date s’est tenue la première conférence des peuples africains à Accra au Ghana sous l’ère du président Kwamé Nkrumah. Pour le progrès du continent, ce dernier prônait l’unité globale des peuples africains au sein du ‘parti national’. Ainsi dans la force de l’unité , le Continent pourrait enclencher un mouvement révolutionnaire contre le néocolonialisme.
Une approche que l’ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche du Togo, Prof. Nicoué Broohm ne semble pas partager. Ceci au regard des nouveaux enjeux de l’heure.
« L’approche révolutionnaire de Kwamé Nkrumah, dans sa mise en œuvre à l’époque, a donné des résultats mitigés, la révolution telle qu’on l’avait entendue dans le passé, a mon avis ne peut plus se faire de cette façon » déclare le conférencier. Avant de justifier sa position : « nous sommes dans un monde mondialisé où les rapports sont complexes. » selon lui, l’Afrique a plutôt besoin de nouvelles volontés politiques pour créer des fédérations où les aspects sécuritaires et économiques soient pris en compte de façon plus dynamique, a-t-il poursuivi.
Toutefois, le ministre précise que les alertes de Kwamé Nkrumah, le pionnier du panafricanisme, restent encore d’actualité, plus d’un demi-siècle après.
Ces mises en garde de Kwame Nkrumah encore d’actualité !
Dans un de ses principaux ouvrages, le premier président du Ghana indépendant lançait cette alerte particulièrement à l’endroit des autres pays africains qui accédaient à la souveraineté internationale : « pour les pays indépendants, le néocolonialisme est plus dangereux que le colonialisme. Il est plus facile au chameau de passer, bosse comprise, par le trou d’une aiguille qu’à une ancienne administration coloniale de donner des conseils sains et honnêtes d’ordre politique aux territoires libérés. » Et pour le leader panafricaniste toutes les colonisations se valent. Car toutes aboutissent au mépris de l’homme noir, à son exploitation et celle des ressources du Continent.
Et le modérateur de la conférence, le Doyen honoraire de la FDD (Faculté de Droit) de l’Université de Lomé, le Professeur Francis Kuassi Deckon de recadrer les esprits malins par rapport à la définition qu’il faut donner au vocable ‘panafricanisme’ : « il (le panafricanisme) est tout sauf la haine »